Esperanto des Lévriers | Conseil pour l'adoption

Vous venez de faire l’adoption d’un galgo ou un podenco (races de lévrier espagnol) martyr d’Espagne.

Il a été dressé et utilisé pour la chasse au lièvre. Son instinct de chasseur est donc très développé.

Son ancien maître ne le considérait pas comme un chien de compagnie, mais comme une arme de chasse. On n’éprouve pas de sentiments pour une arme. Ce galgo ou ce podenco n’a jamais eu d’affection autre que celle des bénévoles du refuge d’où il vient. Il n’a jamais eu de caresses.

Ce lévrier a été abandonné et il nécessite une conduite particulière. Un chien abandonné a perdu ses points de repère.

Concernant un lévrier espagnol, ces repères sont radicalement opposés à ce qu’il va vivre désormais. Il n’a jamais eu le droit d’entrer dans une maison (il peut donc avoir peur de monter un escalier, d’entrer dans un ascenseur, de marcher sur du parquet ou du carrelage et surtout de vivre avec les humains). Il dormait à même le sol, parfois dans les détritus et les excréments. Il mangeait du pain, du riz mélangé avec une saucisse, rarement des croquettes. Il était souvent affamé pour être plus performant à la chasse. Il mangeait le plus souvent la nuit, lorsque les humains n’étaient pas là (c’est la raison pour laquelle il peut bouder la gamelle devant vous. Laissez-lui pour la nuit). Il a toujours vécu en meute et ne sait ce que c’est d’être seul (il peut donc éprouver de l’angoisse à se retrouver seul enfermé dans une pièce). Enfin, il n’a jamais appris la propreté, ni la marche en laisse.

Rassurez-vous ! Il est plus facile de s’adapter au confort que l’inverse.

Un galgo a une grande faculté d’adaptation. N’ayant pas de graisse, il aime le confort : les coussins moelleux et, par-dessus tout, les canapés ! Il adore les caresses aussi. Bien évidemment, il en va de même pour le podenco.

Il ne s’agit pas de cajoler votre lévrier à outrance parce qu’il a un lourd passé. Si vous le surprotégez, vous allez engendrer un trouble du comportement. Il va simplement se prendre pour le chef de la tribu et devenir impossible. Il faut donc s’en occuper plus qu’on ne le ferait avec un autre chien et surtout ne pas le gronder s’il est collant.
Il cessera de l’être, le jour où il aura perdu la peur d’être abandonné à nouveau.

QUEL COMPORTEMENT PUIS-JE ATTENDRE DU LÉVRIER QUE J’ACCUEILLE À SON ARRIVÉE ?

Le lévrier qui vous sera confié sera plus ou moins marqué par son passé. Dans tous les cas, il n’aura jamais été en contact avec beaucoup des choses de notre quotidien, et, notamment, les bruits divers qui nous entourent. Il n’aura jamais vu de voiture, vélo ou bus, jamais entendu d’aspirateur, mixeur ou sèche-cheveux. Toutes ces sources de bruit peuvent provoquer des réactions de peur plus ou moins importantes. Face à ces réactions, il ne faut surtout pas câliner et protéger le lévrier que vous accueillez. D’une voix enjouée, il est préférable de le rassurer et de l’encourager à dépasser sa crainte.
Il ne faut jamais perdre de vue que votre animal peut, à tout moment, même si la plupart du temps il reste auprès de vous, avoir peur et réagir de façon inattendue avec des conséquences redoutables pour lui (s’échapper sur une route, se faire renverser ou renverser quelqu’un…).
Les lévriers les plus traumatisés vous seront confiés avec un harnais, un collier, et deux laisses. Cette double précaution est très importante. En effet, sous l’effet de la panique, un galgo peut tout à fait s’extraire d’un collier comme d’un harnais. Il sera donc indispensable que vous utilisiez les deux pendant les premières semaines que le lévrier passera chez vous.
LE LÉVRIER QUE J’ACCUEILLE SERA-T-IL PROPRE À L’INTÉRIEUR ?
Les galgos et podencos qui remontent d’Espagne ont toujours vécu dehors. Certains d’entre eux ne sont donc pas propres lors de leur arrivée chez vous. Si le lévrier que vous accueillez « s’oublie » à l’intérieur, dites lui « non » d’une voix ferme et sortez-le. Dès le départ, félicitez-le quand il fait ses besoins à l’extérieur, il comprendra ainsi ce que vous attendez de lui.
Nettoyez hors de sa vue : si vous le faites devant lui, ce serait l’inviter à recommencer. Ne nettoyez pas l’urine à l’eau de javel ou l’ammoniaque, car ils aiment cette odeur. Préférez l’eau vinaigrée avec du jus de citron.
Enfin, essayez d’espacer les sorties toutes les 4 à 5 h et d’avoir des horaires réguliers de promenade. Le chien va naturellement se caler sur ces horaires.
AVEC MES AUTRES ANIMAUX DE COMPAGNIE, COMMENT CELA SE PASSERA-T-IL ?
Les galgos et les podencos sont, dans leur grande majorité, des chiens qui s’entendent avec les autres chiens. Ils vivent en effet en meute depuis la naissance.
Si vous possédez de petits animaux de compagnie (rongeurs, lapins, poule, etc.), il est de votre responsabilité de prendre les dispositions nécessaires pour les protéger dans une cage ou un enclos et de ne pas les mettre en contact avec le lévrier sans surveillance.
L’association ne pourra être tenue responsable en cas d’accident.
Si vous avez des chats, le lévrier qui vous sera proposé sera testé avant de vous être confié. Il vous appartient cependant de vous assurer que tout se passe bien entre eux, notamment les premiers jours. Un lévrier ne doit jamais être considéré à 100% comme OK chats et ne doit pas, par précaution être laissé avec des chats sans surveillance.

LES LÉVRIERS, LE JARDIN ET LA LIBERTÉ.
Lors de son arrivée chez vous, ne lâchez pas immédiatement votre lévrier dans le jardin. Utilisez une laisse ou une longe pour l’y promener les premiers jours. Dans votre jardin, votre galgo ou podenco n’est pas en sécurité… Ne le laissez jamais libre sans surveillance tant qu’il n’est pas parfaitement habitué à son nouvel environnement. Un galgo est capable de sauter 2 mètres et de se retrouver sur le toit de votre garage ! Tout ça pour échapper au tuyau d’arrosage ou à la tondeuse à gazon !
Faites-lui faire le tour des environs dès le premier jour de son arrivée chez vous, afin qu’il puisse avoir des repères pour revenir à la maison s’il vous échappait.
A l’extérieur, il vous sera demandé de garder le lévrier que vous accueillez en laisse pendant au moins le premier mois (voire deux). Les galgos et podencos qui remontent d’Espagne ont un instinct de chasse très développé. Avant de prendre la décision de lâcher votre lévrier, pensez à tester son rappel dans plusieurs endroits à l’aide d’une longe et répétez souvent cet exercice avant de le détacher.
Il faut bien comprendre que vous adoptez un lévrier qui a été dressé pour la chasse et qui a toujours vécu en meute. Autrement dit, un galgo ou podenco n’aura jamais un rappel parfait. Dès qu’il verra un lapin ou un écureuil détaler devant lui, son instinct sera plus fort. Il va courir après et disparaître pendant 1 à 10 mn, le temps qu’il lui faudra pour perdre la trace de sa proie. Puis il reviendra. L’attitude à avoir, dans ces cas-là, est de rester au même endroit et d’appeler votre lévrier qui va se repérer à votre voix pour vous localiser.
Cela dit, un galgo ou podenco peut avoir un aussi bon rappel que tout autre chien. Un lévrier n’est jamais totalement heureux tant que vous ne l’aurez pas lâché. Il a besoin de courir à sa vitesse et vous ne pourrez jamais lui offrir cela en laisse.
Cependant, n’attachez JAMAIS votre lévrier à l’extérieur, ne le laissez pas seul, où que ce soit en dehors de votre jardin. Un chiot de six mois a réussi à tirer derrière lui un panier en fer forgé plein de bûches de bois !
Piscines : SECURISEZ-LA, surtout s’il n’y a pas de marches. Montrez-lui ce que c’est ! Surtout les marches… Il faut absolument qu’il sache comment ressortir (au cas où…), car, contrairement à un humain, l’animal ne criera pas. Il se noiera donc très rapidement, avant que vous ne vous rendiez compte de sa disparition.
Le mieux serait de clôturer et de ne pas laisser votre lévrier dans le jardin lorsque vous vous absentez, ne serait-ce que quelques minutes.
EN VOITURE, COMMENT CELA SE PASSE-T-IL?
Attachez votre lévrier à l’arrière de la voiture : il existe des laisses spéciales très courtes, dont l’un des côtés se fixe sur la ceinture de sécurité (à acheter en animaleries ou magasins spécialisés) –, mais en lui laissant également la laisse avec laquelle vous le sortez d’habitude. Ainsi attaché, votre animal ne pourra ni passer à l’avant de la voiture, ni se sauver dès que vous ouvrirez une portière.
Arrivés à destination, avant de descendre de l’auto, vérifiez :
• que votre chien est toujours bien attaché,
• qu’il n’a pas rongé sa laisse, ou bien appuyé avec sa patte sur le système libérant la ceinture de sécurité,
• que son collier est bien attaché et suffisamment serré
• qu’il est bien tenu en laisse lorsqu’il descend du véhicule (en cas de sortie intempestive de l’animal, visez la laisse plutôt que le chien, ce sera ainsi plus facile de le récupérer surtout si celle-ci a trois portes. Un lévrier peut tout à fait se faufiler entre la banquette et le siège avant.
• Prenez également garde en entrant et sortant de voiture,
Attention aux premiers instants dans le nouvel environnement de l’animal !
Il est très important que votre lévrier se sente rassuré, afin qu’il ne cherche pas à fuir !
Aussi, vérifiez bien toutes les ouvertures… Fenêtres du rez-de- chaussée fermées, mais aussi aux étages ! N’oubliez pas que votre petit ami ne sait pas ce qu’est une maison ! Pour lui, une fenêtre ouverte, c’est la liberté. Méfiez- vous car des accidents arrivent fréquemment !
ET SI LE GALGO/PODENCO S’ÉCHAPPE ?
Dans le cas où votre lévrier s’échapperait, prévenez immédiatement votre délégué régional et la Direction de l’association, la police locale, les pompiers, la gendarmerie, la fourrière, les vétérinaires proches, le garde champêtre, la municipalité et les chasseurs. Participez activement aux recherches (en alertant vos voisins, placardant des affiches, contactant les médias locaux, etc.). Vous êtes la personne que le lévrier connaît le mieux, et vous voir le rassurera très certainement.
Dans tous les cas, le lévrier devra avoir sur lui, EN PERMANENCE et même à la maison, un collier portant une médaille gravée avec le numéro de téléphone de l’association en attendant qu’il porte votre propre N° de téléphone
Prenez bien conscience que quelques secondes d’inattention peuvent mener à la fuite de votre lévrier, surtout les premières semaines ; alors s’il vous plaît, prenez toutes les précautions nécessaires pour toujours, toujours veiller sur votre lévrier.
IL NE SUPPORTE PAS D’ÊTRE SEUL : QUE FAIRE ?
Votre lévrier pleure dès qu’il est laissé seul ? Il ronge les pieds de meuble, urine sur le tapis, déchiquette les journaux ou hurle à la mort ? Tout ceci est bien désagréable, mais il existe une explication et des solutions.
L’explication est la suivante : tous ces comportements découlent de l’anxiété de séparation. Votre galgo a découvert avec vous la sécurité et l’affection après avoir vécu l’enfer. Il a donc noué avec vous, qui « êtes son sauveur », un attachement si fort qu’il est incapable de se « détacher », de se séparer de vous lorsque cela est nécessaire.
Lorsqu’il est seul, il a l’impression de vous perdre, ce qui provoque chez lui un grand stress qu’il ne sait pas gérer.
De plus, un galgo ou podenco a toujours vécu en meute en Espagne. Il n’a jamais vécu dans une maison. En se retrouvant seul, il n’a pas la sécurité de la meute.
Que faire ? Tout d’abord, mettez en place des zones interdites d’accès dans votre maison (chambre à coucher, salle de bain ou chambre des enfants, etc.). Lorsque vous vous rendez dans une de ces zones, votre lévrier ne doit pas vous suivre, non pas parce que la porte est fermée (au contraire, laissez-là ouverte !), mais parce que vous lui dites « non ! » fermement et le repoussez d’une main douce mais ferme. Il doit apprendre à attendre, à ne pas vous suivre partout et donc à supporter votre absence.
Cette technique sert de base à l’apprentissage de la solitude.
Il va aussi falloir procéder à une « thérapie de détachement » : quand vous partez de la maison et quand vous revenez, évitez tout rituel (pas de phrase type, de câlin d’adieu, etc.). Ceux-ci accentuent son impression de «danger» de se retrouver seul.
Ignorez votre lévrier durant les quinze minutes qui précèdent votre départ et qui suivent votre retour. Soyez indifférent à la fête qu’il vous fait et poussez-le comme s’il vous dérangeait. Ne lui faites pas de câlin. Vaquez simplement et tranquillement à vos occupations. Restez indifférent : ni récompense, ni félicitation s’il n’y a pas de dégât, ni punition s’il y en a. Et ne nettoyez pas les dégâts devant lui.
Pensez à lui aménager un lieu dans lequel il va dormir et laissez- le, de temps en temps, dans ce lieu durant la journée.
Soyez patient : les résultats se feront sentir après quelques semaines, si vous restez ferme et cohérent sur le programme. Si, malgré tout, il n’y a pas d’amélioration, pensez à consulter un comportementaliste.
Astuce : ne croyez pas que le fait de lui laisser la télévision ou la radio allumés soulage son angoisse en votre absence. Quand le lévrier est très anxieux, essayez les faux départs. Fermez la porte et rentrez presque aussitôt sans rien lui dire. Et ainsi de suite, en espaçant de plus en plus les rentrées. S’il pleure, au lieu de le réconforter, grondez-le. Montrez lui que vous n’êtes pas content. Il finira par aller se coucher. Grondez-le, mais ne le punissez pas.
Nous vous souhaitons beaucoup de bonheur avec votre nouveau compagnon et vous remercions de tout cœur pour votre geste qui met ainsi un de nos petits protégés en sécurité, hors de son pays d’origine, et lui apporte une nouvelle vie pleine d’amour et de tendresse, bien à l’abri.